FR. Spontanément, les situations perçues paraissent insolites à cause des scènes exposées dans ce portfolio. Toutefois, dans un second temps, elles dévoilent une proximité grâce à un retour réflexif sur une situation finalement compréhensible. Singularité et appréhension d'un "ordinaire" palpable créent un mouvement de balancier où l’observateur passe progressivement de la vision de « situations asiatiques », à un rapprochement avec des situations ramenées à hauteur d' "homme". De fait, si les singularités de ces scènes nocturnes du sud-est asiatique exercent une attraction évidente, elles s'en trouvent simultanément réduites par la compréhension d'une quotidienneté, d'un ordinaire autre mais cohérent. Ce balancier entre insolite et quotidienneté crée chez le regardant un "dérangement" suscitant la réflexion sur ce qui est réellement donné à voir.
La nuit est irrémédiablement associée à la solitude intrinsèque et à l’incommunicabilité des êtres. Les images contrarient alors les représentations stéréotypées de populations asiatiques, certes souvent démunies, mais demeurées dans une sorte d’Eden originel, préservées de la contamination d'un univers industriel aliénant. La solitude partagée tend ainsi à réduire l'altérité par cette expérience à la fois intime et commune.
Le titre de la galerie est un clin d’œil au cinéma dont certaines de ces photos semblent directement provenir. L'arrêt sur image induit par la nature de la photographie questionne notamment la raison de ce qui est donné à voir. Le caractère cinématographique interroge la "véracité" de ce qui est montré, introduisant ainsi un doute sur le statut de l'image et rappelant le jeu entre le photographe et le spectateur. Ces décalages et ces enchâssements de sens conduisent à épaissir des images par strates. Images qui, sans cela, se présentaient sans aspérités, faussement lisses.
Le contexte des photographies. Toutes ces images nocturnes ont été saisies en Asie du Sud-Est : Thaïlande, Cambodge, Laos, Vietnam et Birmanie au cours de voyages qui se sont échelonnés de 2013 à 2019. Les divers appareils de prise de vue sont issus de la gamme Alpha de Sony principalement montés selon les images avec : 90 mm/2,8, 85 mm/1,8, 24-70 mm/2,8.
EN. Spontaneously, the situations perceived seem unusual because of the exposed scenes. However, in a second time, they reveal a proximity by a reflexive return on a finally understandable situation. Singularity and apprehension of a palpable "ordinary" create a pendulum movement in which the observer gradually moves from the vision of "Asian situations" to a rapprochement with situations brought down to the level of "man". In fact, if the singularities of these nocturnal scenes of Southeast Asia exert an obvious attraction, they are simultaneously reduced by the understanding of everydayness of an 'ordinary other'. This pendulum between unusual and everyday creates in the viewer a "disturbance" causing reflection on what is actually given to see.
Night is irremediably associated with the intrinsic loneliness and incommunicability of beings. The images thwart the stereotypical representations of Asian populations, albeit often destitute, but remaining in a kind of original Eden, preserved from the contamination of an alienating industrial universe. Shared loneliness thus tends to reduce otherness by this experience which is both intimate and common.
The title of the gallery is a nod to the cinema which some of these photos seem to come directly. The freeze-frame induced by the nature of photography questions in particular the reason for what is given to see when the cinematic character questions the "veracity" of what is shown, thus introducing a doubt about the status of the image and recalling the game between the photographer and the viewer. These shifts and these entrenchments of meaning lead to the thickening of images by strata, images that presented themselves without asperities, abnormally smooth.